« Quel avenir pour le journal papier à l’heure du numérique ? », par Hendro Munsterman — Les Mardis de Saint-Jean

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Les Mardis de Saint-Jean

« Quel avenir pour le journal papier à l’heure du numérique ? », par Hendro Munsterman

Le numérique révolutionne notre société en profondeur. Il transforme les individus et les liens entre eux. Cela a notamment des conséquences sur la façon dont les gens appréhendent la religion et sur le mode de fonctionnement de l’Eglise. Donc, il est évident que cette nouvelle réalité doit être prise en compte dans la façon dont nous communiquons, notamment dans les journaux paroissiaux sur papier. Car ceux-ci ont toujours un rôle à jouer dans ce monde dominé par les technologies numériques. Le théologien Hendro Munsterman, de l’Institut pastoral d’études religieuses de Lyon, en est en tout cas persuadé. Voici une synthèse de sa conférence.

Télécharger les documents liés à ce mardi : 

Le document support d'Hendro Munssterman

Le compte-rendu de la journée

Le travail en atelier

Un média irremplaçable dans le foisonnement de l’information numérique

Les nouvelles technologies de la communication transforment totalement notre mode de vie. Dans un premier temps, avec Internet et les téléphones portables, elles ont aboli l’espace et le temps. Dans un deuxième temps, avec le développement des réseaux sociaux, elles ont bouleversé les codes de la communication. On envoie de l’information vers les gens et ceux-ci peuvent réagir, interragir, se mêler au débat, sans avoir besoin de détenir une quelconque autorité. Cela remet en cause l’ordre sur lequel nos sociétés étaient bâties, en particulier la façon dont est jugée la valeur des individus. Dorénavant, la connaissance n’est plus un critère discriminant, car elle est à la portée de tous, d’un simple clic. C’est l’utilisation que l’on est capable de faire de cette connaissance qui permet de mesurer notre intelligence. 

Dans son essai Petite Poucette, le philosophe Michel Serres se demande avec malice si cette révolution numérique ne nous condamne pas, en quelque sorte, « à devenir intelligents ». En Finlande déjà, les candidats au baccalauréat ont le droit d’apporter leur ordinateur portable et de se connecter sans restriction à Internet. Michel Serres note que ce ne sont pas les mêmes zones du cerveau qui sont sollicitées lorsqu’on surfe sur un écran et lorsqu’on lit un livre papier. Ainsi, on peut dire que même les corps sont trransformés par la révolution numérique. Nous sommes donc aux prémices d’un monde que nous avons du mal à imaginer mais, d’ores et déjà, la vie de nos contemporains a suffisamment changé pour qu’il soit nécessaire de repenser la façon dont nous nous adressons à eux lorsque nous voulons les intéresser et leur communiquer un message.

 Les gens ont toujours soif de religiosité

Ce que montrent différentes études, c’est que le message religieux reste en tout cas plus que jamais pertinent. Contrairement à ce qu’on pense en France, le nombre des agnostiques et des athées dans le monde ne cesse de se réduire. Et même en France, où la religion intéresse moins qu’ailleurs, la « spiritualité » – au sens large – est considérée comme un élément important de la vie. La religiosité n’est donc pas en recul dans le monde actuel, mais elle subit un processus d’individualisation . Chacun a tendance à se « bricoler » sa religion, en rapport avec ses propres expériences et en fonction des circonstances. Dans un tel contexte, les frontières de l’Eglise Peuple de Dieu sont devenues floues et cela appelle une nouvelle sociologie ecclésiale. Le croyant ne peut plus seulement être rangé comme un paroissien, il peut appartenir à plusieurs communautés simultanément, des communautés qui peuvent vivre leur foi assez différemment. « Dieu se communique de façon plurielle. Ce pluralisme doit aussi se vivre dans notre vie d’Eglise », explique Hendro Munsterman. Cela implique que l’Eglise doit plus envisager sa mission évangélisatrice à travers des échanges d’expériences plutôt que par la communication de connaissances. « Nous ne sommes pas au bout de nos surprises », prophétise le jeune théologien de l’IPER : « Le christianisme va changer ! » Dans une Eglise aux contours plus larges encore que ne les dessinait le concile Vatican II, et moins soumise à l’ordre hiérarchique, la place des laïcs, notamment, devrait prendre de l’importance. En mai 2009 déjà, le pape Benoît XVI considérait que des laïcs engagés devaient devenir « coresponsables de l’être et de l’agir de l’Eglise ». Là encore est en marche, sinon une évolution, du moins un grand changement dans les mentalités.

 Dire ce qui nous fait vivre, nous chrétiens

 

Quelle place pour le journal paroissial au milieu de tous ces bouleversements ? Est-il encore adapté aux nouveaux modes de communication et d’évangélisation que nécessitent nos nouveaux modes de vie et d’échanges ? Hendro Munsterman répond oui sans hésiter. Parmi tous les médias que peut utiliser l’Eglise pour transmettre son message, il constate que le journal paroissial distribué gratuitement dans les boîtes aux lettres est le seul qui touche tout le monde (en particulier les personnes les plus éloignées de l’Eglise) avec un bon impact. Bien entendu, on a intérêt à renforcer cet impact en déclinant la communication à l’aide de plusieurs médias complémentaires : newsletter, journal papier, site Internet, réseaux sociaux… 

On multiplie ainsi les chances de toucher la cible. Reste alors à lui délivrer un message adapté. Il faut vraiment réfléchir à la forme car elle est capitale. Il faut par exemple plus de photos et de vidéos (ou de liens vers des vidéos), et développer l’interractivité. Mais sur le fond, malgré les évolutions techniques, Hendro Munsterman plaide pour une recette qu’appliquent déjà depuis longtemps les bons journaux paroissiaux : « Dire ce qui nous fait vivre, nous chrétiens ». On y revient : privilégier le partage d’expérience. C’est bien ce qui fait la force des réseaux sociaux, c’est ce qui doit faire la force des médias paroissiaux, à commencer par le journal sur papier.

Yves Baunez

 

 

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